mercredi 19 mars 2008

Semaine de la presse !

Le billet est un peu tardif car la période est un peu mouvementée, entre ces grèves, ces manifs etc.

La semaine de la presse se finit vendredi, et en beauté avec la venue de Philippe Frémeaux, le Directeur de la rédaction d'Alternatives Economiques. Si vous avez comme moi vos habitudes chez Yves Calvi (C dans l'air, excellente émission), vous avez déjà apprécié la clarté de ses propos, engagés et argumentés.

Il vient vous parler (1ères et terminales ES, vendredi 21 de 11h30 à 13h00 en salle polyvalente) de son rôle de chef d'entreprise, une entreprise de presse particulière puisque c'est une SCOP. Une SCOP, c'est quoi ? Une Société Coopérative de Production, c'est à dire une société qui appartient majoritairement à ses salariés.
Une manière différente d'organiser les relations entre salariés et employeurs, vu qu'ici les salariés sont d'une certaine manière leurs propres employeurs. Et ça marche !

Pour en savoir plus sur la SCOP Alternatives économiques, voir ce dossier documentaire.


Malgré tout, Alternatives économiques est également touché par la crise de la presse. Les ventes plafonnent à cause de la concurrence d'internet, des journaux gratuits, des changements de mode de vie, alors que les coûts augmentent fortement : le papier, les coûts salariaux (pour produire un journal, il faut avant tout des journalistes, et oui !), les coûts de diffusion et de promotion.
La majeure partie des coûts d'un journal sont des coûts "fixes" : avant même d'avoir vendu un seul exemplaire d'Alter Eco, il aura fallu payer les journalistes, les maquettistes, les secrétaires de rédaction, le service des abonnements etc. Donc, si les ventes et les tirages diminuent, le coût par exemplaire produit augmente. Les "petits" journaux doivent donc augmenter leurs prix, ce qui ne les rend plus compétitifs, ou accepter de revoir à la baisse leurs marges de profits, ce qui leur empêche d'investir pour faire face à la concurrence.
Dans ces marchés où existent des économies d'échelle (produire beaucoup permet de faire des "économies", de baisser les coûts par unité produite), les "gros", ceux qui ont les plus grandes parts de marché, peuvent proposer des prix plus compétitifs que les "petits". D'où une tendance à la concentration et à l'oligopole : le marché de la presse se réduit à la concurrence entre un très petit nombre de très grands groupes.

Exemple en France, en ce qui concerne les achats d'espaces de publicité dans la presse magazine :

Près d'un tiers des insertions de pub dans la presse magazine sont achetés par l'intermédiaire d'une seule régie : Interdeco et Publicat, qui s'occupe de commercialiser les espaces de pub pour les groupes Hachette Filipacchi Media, Le Point Communication, Groupe Bayard Presse, Groupe Alain Ayache, Groupe La Vie / Le Monde, Axel Springer, etc. Les 3/4 des espaces de publicité sont vendus par les 5 premiers du marché ...
Difficile pour Alter Eco de tirer son épingle de ce jeu de géants. D'autant que ce journal cherche à vivre davantage des recettes tirées de ses ventes que de la publicité, pour sauvegarder une certaine indépendance.

Derrière ces questions économiques, il y a donc des questions très politiques : Quel pluralisme si 3 ou 4 groupes dominent l'ensemble de la presse ? Quelle liberté de publication pour la presse si elle dépend davantage de la publicité de grandes entreprises et moins des ventes de journaux ?

Pour en savoir plus sur la crise de la presse : Un article récent

A voir aussi, des propositions pour sauvegarder la liberté et la qualité de l'information :

L'indépendance des journalistes
envoyé par LeBlogMedias