Un message très court, mais important pour certains.
Les écoles du secteur social (pour devenir Assistant de service social, Éducateur de jeunes enfants ou Éducateur spécialisé) recrutent sur des concours qui ont lieu à partir de début janvier, mais les inscriptions doivent se faire pour beaucoup en septembre. Il y a également des journées portes ouvertes dans certaines écoles début octobre. Autant dire que les délais sont très courts !
Toutes les infos sont disponibles sur le guide que l'ONISEP vient de publier, que vous pouvez télécharger ici. Je vous rassure, il n'y a que pour ces écoles du secteur social et certaines écoles du secteur médical (infirmier, ambulancier etc.) que les délais sont si rapides. Pour le reste (IUT, BTS, Classes prépas, universités etc.), les démarches se font au 2e trimestre, et je vous en reparlerai en temps utile.
La semaine dernière, nous avons vu le petit monde de la finance se faire de très grosses frayeurs. Les bourses ont connu leurs plus fortes baisses depuis 2001 et aux Etats-Unis, une banque de premier plan, Lehman Brothers, a fait faillite tandis que la plus importante société d'assurance américaine, AIG, échappait à la déroute en se faisant racheter 80 % de son capital par la banque centrale américaine ! Voir le dessin de Chappatte paru jeudi 18 septembre dans Le Temps (Genève), intitulé "La chute ... et le parachute" :
Comment en est-on arrivés là ? Comment en sortir ? J'avais déjà mis un billet sur la question l'an passé (voir ici), mais l'actualité m'oblige à remettre ça ... Je vais essayer d'expliquer la situation en termes simples, et en agrémentant tout cela de quelques liens vous permettant d'aller plus loin (dessins, vidéos, et quelques articles).
Au commencement, il y a des ménages pauvres qui rêvent de s'acheter une maison ou un appartement. Compte tenu de leurs ressources et donc des risques de défaut de paiement, ils ne peuvent emprunter qu'à des taux plus élevés que les ménages plus aisés : ils ne bénéficient pas de la "prime", autrement dit des taux plus faibles offerts aux ménages aisés, d'où le terme "subprime" en anglais. Pour les convaincre de sauter le pas et bénéficier de ces rendements élevés (mais risqués), des banquiers imaginent de leur proposer des prêts à taux variables, faibles au moment de la signature du contrat mais qui peuvent ensuite beaucoup s'élever. Et pour se couvrir en cas de défaut de paiement, les banques "hypothèquent" la maison : elles peuvent la saisir et la revendre. Tout ce bel édifice financier repose sur l'idée que, si ces prêts "subprime" sont très risqués individuellement, ils sont collectivement très rentables : les défauts de paiement sont rares tant que les taux d'intérêt sont faibles et, en cas de saisie, la revente permet de faire de belles plus-values vu que les prix de l'immobilier n'arrêtent pas de grimper ... du fait même des achats nombreux qu'autorisent ces prêts !
Tout allait bien tant que les taux d'intérêt étaient bas et que les prix de l'immobilier augmentaient dans une sorte de "bulle spéculative". Mais, à partir de 2005, la Banque Centrale américaine commence à remonter les taux d'intérêts qu'elle accorde aux banques quand elle leur prête de la monnaie car, à force d'accorder des prêts à tour de bras et de permettre à beaucoup de ménages d'acheter des maisons, des voitures, de l'électroménager, des ordinateurs etc., les prix se sont mis à augmenter de manière excessive : l'inflation est de retour, conséquence logique d'un excès de création de monnaie. Les taux augmentant, il y a de moins en moins de ménages qui peuvent prendre un prêt "subprime" et donc de moins en moins de demande pour l'immobilier. En parallèle, les défauts de paiement commencent à se multiplier, conduisant les banques à revendre ces biens immobiliers. Des achats moins nombreux et des ventes plus importantes : toutes les conditions sont réunies pour que les prix de l'immobilier se retournent et se mettent à baisser à partir de l'été 2007.
C'est très bien expliqué dans cette vidéo de Courrier International expliquant à l'automne 2007 la crise de l'été, à l'aide de dessins de presse :
La belle mécanique des "subprimes" se grippe à partir de l'été 2007 aux Etats-Unis. Mais pourquoi cette crise qui ne concerne que l'immobilier aux Etats-Unis va-t-elle se généraliser à l'ensemble du système financier mondial ? La réponse a un nom barbare : la titrisation. En clair, les banques qui ont pris des risques en prêtant à des ménages désargentés peuvent, grâce à des innovations financières toujours plus complexes, se débarrasser de ces "crédits pourris" en les mettant avec d'autres crédits de meilleure qualité dans un même panier, et en revendant ce panier à d'autres acteurs financiers. Ces titres sont tellement complexes qu'ils agissent comme un rideau de fumée masquant les risques réels supportés par ceux qui les achètent. Et, tant que les taux d'intérêt américains sont faibles et que les prix de l'immobilier augmentent, ces titres sont très rentables ! Ils vont donc trouver preneurs un peu partout dans le monde, mais particulièrement dans les grandes banques américaines qui ont fait la une de l'actualité au cours des semaines passées. Ils ont un autre gros avantage : ils font sortir du bilan des banques ces créances douteuses. Celles-ci peuvent donc continuer de prêter à des ménages peu solvables sans qu'apparaisse clairement dans leur bilan les risques qu'elles prennent.
Une bande dessinée circule depuis quelques jours dans les bureaux des grandes banques de New York pour expliquer comment les financiers ont pu camoufler les risques pris par les banques par des opérations financières toujours plus sophistiquées. Cliquez sur l'image pour lancer le diaporama ou cliquez ici pour sauvegarder le pdf sur votre ordinateur.
Tout le problème, aujourd'hui, est qu'il est extrêmement difficile de savoir quelles institutions sont les plus touchées. Ceci crée un climat d'incertitude qui conduit les banques à moins se prêter de liquidités entre elles, alors qu'elles en ont besoin au quotidien, et à moins accorder de prêts aux entreprises et aux ménages, à moins que ceux-ci offrent des garanties très solides. A terme, une crise au départ financière peut donc se transmettre au reste de l'économie si les restrictions du crédit affaiblissent trop la consommation et l'investissement, et donc la demande globale.
Pour éviter ce scénario catastrophe, les banques centrales et le gouvernement américain ont pris des mesures sans précédent. Les premières ont accordé des prêts aux banques qui manquaient de liquidité et la FED a même racheté 80 % des actions de l'assureur AIG. Le gouvernement américain est en train de peaufiner un plan de rachat par l'Etat fédéral de tous ces crédits "subprimes" qui minent le système financier, pour un montant évalué aujourd"hui à 700 milliards de dollars (soit presque le tiers du PIB d'un pays comme la France !).
Faut-il être inquiet ? Comme le montre l'économiste Elie Cohen dans le reportage ci-dessous auquel j'ai emprunté le titre pour ce billet, en 10 ans le monde a connu 5 crises financières. Deux conclusions opposées pourraient être tirées de ce constat. D'une part, cela peut montrer la capacité des marchés financiers à "rebondir" et la capacité des autorités monétaires à gérer ces crises. La crise de 1929 s'expliquerait partiellement par une réponse inappropriée des autorités monétaires de l'époque et nous aurions depuis appris à prendre les mesures empêchant un effondrement de l'ensemble du système financier. A l'inverse, la fréquence de ces crises peut conduire à penser que si celle-ci ne conduit pas à un effondrement, la suivante pourrait être "The Big One". Pour limiter les crises, des régulations avaient été mises en places après 1945, qui ont progressivement disparu depuis le début des années 1980 et la vague de "dérégulation" de l'économie. Les mesures annoncées pour sortir de la situation actuelle visent pour l'essentiel à minimiser les pertes des institutions qui ont pris les plus gros risques : les profits étaient privés, mais les pertes sont supportées par la collectivité. Mais une véritable stabilision du système financier supposera également de mettre en place des régulations au niveau international, en particulier pour limiter les effets des innovations financières et contrôler les activités bancaires.
Pour un retour sur les 5 crises financières de la décennie écoulée (1997 : crise asiatique ; 1998 : LTCM et la Russie ; 2000 : la "bulle" de l'internet ; 2001 : le mensonge Enron ; 2007 : la crise des "subprimes"), le reportage de Michel Kaptur (réalisateur) et Elie Cohen (auteur), passé sur Arte le 2 juillet 2008 :
Pour finir, je vous propose un débat entre deux économistes réputés, par l'intermédiaire d'articles parus à deux mois d'intervalle, qui montrent les différences d'interprétations au sein de cette profession sur cette crise :
- Pour Charles Wyplosz, professeur d'économie à l'Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement (Genève), c'est la plus grave crise de toute l'histoire bancaire mais "un marché où seuls les bons survivent est un marché efficace", les "mauvais" vont disparaître, les "bons" survivre et "Wall Street va bientôt retrouver une nouvelle jeunesse". Sur les remèdes, il continue à plaider pour moins de réglementation : "on pourrait presque se demander s’il n’aurait pas été préférable de ne pas avoir de réglementation du tout, comme au dix-neuvième siècle, plutôt qu’une réglementation qui crée une fausse impression de sécurité et, d’une certaine manière, engage la responsabilité des gouvernements – et donc celle de leurs contribuables – qui ont mis en place de mauvaises règles". Lire ici : "La fin du capitalisme ? Non, bien au contraire ...", Telos, 19 septembre 2008.
- Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie 2001 et professeur à Columbia (NY), est en désaccord total avec cette analyse. Selon lui, "le monde n'est pas tendre envers le néolibéralisme, ce fourre-tout d'idées basées sur la notion fondamentaliste que les marchés sont autocorrecteurs, qu'ils distribuent efficacement les ressources et servent l'intérêt général". La crise financière actuelle montre que les acteurs n'ont pas évalué correctement les risques pris, et que ces risques n'ont pas été reflétés correctement dans les prix déterminés sur les marchés (des taux d'intérêts proposés aux ménages pauvres au prix des actions des banques et compagnies d'assurances qui prenaient ces risques). Pourtant, "les défenseurs du fondamentalisme de marché veulent faire porter la responsabilité de l'échec du marché, non à l'économie de marché mais au gouvernement", position que l'on retrouve dans l'article de Wyplosz cité ci-dessus. En vérité, selon Stiglitz, "les banques américaines ont mal géré les risques, et cela à une échelle colossale, avec des conséquences mondiales, tandis que les dirigeants de ces institutions sont partis avec des milliards de dollars d'indemnité". Il faut cesser de s'appuyer sur une théorie fausse (le marché s'autorégule et les prix reflètent des éléments fondamentaux comme le risque ou les espérances de gains) et réguler les marchés pour les stabiliser. Lire ici : "La fin du néolibéralisme", Les Echos, 21 juillet 2008.
A vous de vous faire une idée avec tout ceci. Vous pouvez réagir ici en mettant un commentaire, un lien vers un article, un dessin, une vidéo, etc.
Puisque je ne suis pas là jeudi prochain (je sais : vous êtes jaloux des 1ères ... mais vous n'avez qu'à leur dire !), je vous ai proposé d'avancer un peu les recherches de votre côté sur le sujet qu'on a choisi aujourd'hui :
Faut-il juger les "fous" ?
Je vous ai parlé d'un reportage passé sur France 5 en mai dernier. Il s'agit de Folies meurtrières, d'Agathe Lanté (2008). Le reportage de 52 minutes était suivi d'un débat en plateau animé par Yves Calvi avec notamment Elisabeth Guigou, ancienne garde des Sceaux.
France 5 a laissé en ligne le site de l'émission avec la vidéo intégrale du débat, un entretien vidéo avec la documentariste, des séquences inédites du documentaire et plein d'informations sur l'irresponsabilité pénale (le "non-lieu psychiatrique"). C'est là (cliquez !). L'ensemble est très riche et peut constituer un bon point de départ pour vos recherches, mais vous n'y trouverez pas la vidéo du documentaire.
J'ai fait une petite recherche et trouvé un extrait du documentaire sur un site de partage bien connu ... Il s'agit d'une discussion entre pensionnaires de l'Unité pour Malades Difficiles (UMD) dans laquelle se déroule l'essentiel du reportage. Si vous trouvez d'autres extraits voire le documentaire en entier, faites le moi savoir que je mette le lien ici !
Un sujet passionnant mais aussi très chargé émotionnellement, je vous préviens. Justement, ça sera l'occasion d'apprendre, pour le débat, à mettre de côté ses émotions pour essayer de s'appuyer d'abord sur des arguments rigoureux. Ca promet ! N'hésitez pas à mettre des commentaires, à indiquer des liens ou à dialoguer ici : c'est fait pour !
Pour démarrer l'année en beauté, nous vous proposons une sortie jeudi prochain dans l'Aisne pour visiter une entreprise actuelle et le "familistère" conçu par Jean-Baptiste Godin, une sorte d'utopie réalisée par un chef d'entreprise qui voulait réconcilier le travail et la capital dans la 2e moitié du XIXe siècle. Voici le programme et un petit descriptif des réjouissances !
Nous partons tous du lycée à 7h15 du matin. Je sais, c'est tôt, mais vous pourrez finir votre nuit dans le car !
De 10h00 à 12h00, nous visiterons l'usine CEPAP La Couronne à Gauchy. C'est le leader européen de l'enveloppe et de la pochette, avec une histoire longue : l'abbaye La Couronne produisait des enveloppes et du papier depuis le XIIe siècle ...
Vous suivrez toutes les étapes d'élaboration d'une enveloppe jusqu'à la préparation des commandes des clients, la mise sur palette et la préparation à l'expédition. De quoi approfondir le cours de SES à venir sur les stratégies des entreprises, mais aussi de constater que le taylorisme ou le fordisme que vous étudierez en histoire-géographie n'a pas totalement disparu, loin de là !
Déjeuner à 12h30 : n'oubliez pas d'amener un pique-nique !
Convaincu par les idées développées par le socialiste-utopiste Charles Fourier (1772-1837), il cherche à réconcilier les travailleurs et les propriétaires du capital en offrant à ses salariés des "équivalents de la richesse" en les logeant dans un "Palais social" : des logements collectifs présentant un haut niveau de confort pour l'époque, des installations sanitaires (nourricerie) et culturelles (théâtre), tout cela à proximité immédiate de l'usine.
« Ne pouvant faire un palais de la chaumière ou du galetas de chaque famille ouvrière, nous avons voulu mettre la demeure de l’ouvrier dans un palais ; le Familistère, en effet, n’est pas autre chose, c’est le palais du travail, c’est le PALAIS SOCIAL de l’avenir. Ce qu’il n’est pas possible de faire au profit de familles éparpillées et sans lien, les améliorations qu’on ne peut introduire dans le tohu-bohu des habitations ouvrières, ni à la ville, ni à la campagne, ni dans les caves, ni dans les mansardes habitées ; ce que ne permettent pas même les habitations ouvrières isolées les mieux construites, quel qu’en soit le système : le Familistère le permet, le palais social le rend possible, bien plus, il le rend nécessaire. » Jean-Baptiste-André Godin, La Richesse au service du peuple, le Familistère de Guise, 1875.
Tout cela nous permettra d'aborder les notions de lien marchand, lien social et lien politique sui sont au coeur du programme de SES en 1ES. Avec votre professeur d'histoire-géo, cela prolongera utilement le cours sur l'âge industriel au XIXe siècle. Et votre professeur de français a même prévu quelques développements sur les utopies.
Le retour est prévu vers 18h30 au lycée. En espérant qu'on aura beau temps pour cette sortie ... N'hésitez pas à poser une question ici ou à mettre un commentaire : c'est le but de ce blog !